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Ouessant : l’exploration (2/3)

Marie B. à Ouessant – Chapitre 3

Géographie insulaire

Avant de continuer plus avant mon récit, je pense qu’il est nécessaire que je vous décrive Ouessant, puisque je ne l’ai pas encore fait.

Topographiquement parlant, il s’agît du bout émergé le plus occidental du massif armoricain. En gros, un caillou de 4 x 8 km (environ 45 km de côtes au total) culminant à 60m au-dessus du niveau de la mer. D’ailleurs, en breton, Ouessant se dit « Enez Eusa » (ce qui veut dire « la plus élevée »). Le paysage se compose de landes de bruyères et d’ajonc, de marais (car l’île regorge de sources d’eau douce) (je cherche encore comment c’est possible en plein milieu de l’océan à plus de 20 km  des côtes), de roselières, de falaises et de criques.

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Les maisons sont réparties en petits « villages » de quatre ou cinq habitations et le bourg principal de l’île (= là où il y a la boulangerie, le bar et l’église) (les essentiels quoi) est Lampaul. Les maisons sont généralement blanchies à la chaux avec des toits en ardoise. Les menuiseries sont peintes en bleu car ces deux couleurs (blanc et bleu) sont celles de la Vierge, qui est la patronne des marins. Les terrains sont divisés en plusieurs petites parcelles par des murs de pierres sèches assez bas, chacun surmonté d’une rangée de très gros galets. Chaque « jardin » avait son utilité propre : potager, semailles d’avoine, pâture des moutons, poulailler, soue à cochon ou encore réserve de « mottes ».

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Maison ouessantine. Une façade au sud, l’autre au nord et devant, le « banc des mensonges »où les vieilles échangeaient les ragots de l’île.

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Jardins clos de murets surmontés de gros galets

Intermède gastronomique

Qu’est ce qu’une motte, Tante Marie?

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Tante Marie fait du ragoût. A par ça, c’est un panneau d’une super expo que j’ai vu et dont je vous reparle bientôt

J’ai évoqué plus haut le fameux « ragoût sous la motte » qui me semble être – de mon point de vue d’îlienne depuis deux jours – la quintessence de la gastronomie ouessantine. Il s’agit en fait d’un ragoût d’agneau cuit à l’étouffé sous des mottes de landes découpées en cubes d’environ 20 cm de côté. Ce plat traditionnel vient du fait que sur Ouessant, il n’y a pas d’arbre. Genre, pas du tout. Et quand tu n’as pas de bois, comment tu fais pour te chauffer/cuire ton manger ? La réponse est : tu te montres créatif. Et donc, le système traditionnel de cuisson à Ouessant était de faire cramer de la terre. Ca brûlait mal. En fait, ça ne faisait que se consumer pendant des heures. Mais comme les ouessantins étaient occupés dehors toute la journée, ce n’était pas grave : ils mettaient à cuire le matin avant de partir aux champs et à midi, cinq ou six heures plus tard, ça avait bien mijoté et c’était cuit. Et le fameux ragoût d’agneau était cuit dans un four extérieur creusé dans le sol et tapissé de mottes dans lequel on enfermait la marmite avant de la recouvrir de… mottes, bravo à ceux qui suivent. Ils font aussi du riz au lait selon le même principe.

Pour en revenir au paysage, il est assez contrasté. Au nord-ouest, on trouve des falaises très découpées et une mer assez agitée. Au sud, on trouve plus de petites criques plus tranquilles et on peut accéder à la mer plus facilement. La végétation se compose de buissons bas (bruyères, ajonc, ronces…), d’arbustes (arbousiers et tamaris), de graminées ou de plantes grasses rases…

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Côte Nord

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Végétation de rocaille

Côté faune, c’est génial : on trouve plein d’espèces sauvages. En deux jours, j’ai eu le temps de voir des faisans (dont un qui s’est perché sur le rebord de ma fenêtre et m’a fait une peur bleue) (et deux autres qui étaient très occupés à se battre sur la route ce matin, me bloquant l’accès au boulot. J’ai du attendre cinq minutes qu’ils terminent, j’avais trop peur de me prendre un coup de bec mal placé), de tas de lapins (ils pullulent ici), et pleins d’oiseaux marins (grand cormoran, goélands de toutes sortes, craves à bec rouge…). C’est un peu le paradis de l’ornithologie ici.

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Monsieur et Madame Faisan, regardant ensemble vers l’infini et au delà

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Non, ce n’est pas un élevage. Oui, ils sont sauvages

A l’affut du phoque

 Maintenant que cette présentation générale est terminée, je peux reprendre mon récit là où je l’ai laissé c’est-à-dire : mon départ en balade. Il y a une chose que j’ai oublié de vous dire, c’est que Ouessant est en forme de tapis-peau-de-bête. C’est-à-dire qu’elle a quatre bras en étoiles. Pour ma première approche, j’ai choisi d’explorer la pointe sud de l’île, la point de Porz Doun (là où on m’a dit qu’il y avait souvent des phoques). Je commence la balade à Lampaul, au milieu de la baie du même nom. Au bout de 100 m, je suis dans la lande à longer la falaise avec les lapins, puis la plage des Corz (j’ai appris aujourd’hui que ça veut dire les roseaux) où je ramasse des coquillages et prends une grande décision : je commence un herbier d’algues (NON, ça ne pue pas). Au milieu de la baie, je fais plein de photos (ratées) du Youc’h Korz, un gros rocher planté là tout seul.

Mais d’où vient-il Tante Marie?

La légende raconte que Saint Gildas et Saint Guénolé se disputaient en se lançant des cailloux.

 Petit aparté :

  1. leur mère devait pas être au courant, sinon ils auraient su qu’on ne se lance pas des cailloux.
  2. Comment se fait-il que des personnes se battant à coup de cailloux soient devenus saints ?! On canonise vraiment n’importe qui de nos jours !

Fin de l’aparté.

 DONC, ils se lançaient des cailloux et l’un des deux, excédé sans doute, en a lancé un plus gros que les autres. Comme nous en avons tous fait au moins une fois l’expérience, le bouzin est retombé ridiculement peu loin. Plouf dans l’eau. Mon expérience me fait soupçonner que la partie adverse s’est probablement moqué. Ainsi naquit l’îlot de Youc’h Korz, qui symbolise la frontière nord-sud de Ouessant et, accessoirement, abrite un tas d’oiseaux marins qui y vivent bien tranquilles, loin des barjots lanceurs de cailloux.

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Le Youc’h Corz par beau temps

Après ce petit point « contes et légendes » (sans doute pas le dernier),je poursuis ma balade et arrive à la fameuse pointe de Porz Doun. Il fait un temps magnifique et je me régale à marcher sur les falaises. Par moment, l’océan est tellement turquoise que j’ai l’impression de me retrouver dans les calanques marseillaises l’an dernier. Le panorama est superbe, j’ai vue sur trois des cinq phares de l’île : le Creac’h (celui que je vois de ma fenêtre et où je bosse), la Jument et le phare le plus occidental de France : le Nividic.

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Calanque bretonne

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A gauche la Jument. A droite le Nividic.

Je passe près de vingt minutes à contempler plein ouest la fin de la terre et je crois que je suis en train de me découvrir une passion pour les phares : comment ils ont été construit en plein mer sur des cailloux de 5mx4m sur lesquels il n’était possible d’accoster qu’à marée basse par des maçons qui se faisaient régulièrement emporter par les vagues (la commission hygiène et sécurité aurait trouvé à y redire si elle avait existé), comment les gardiens y vivaient, coupés du monde et seuls à deux dans un tout petit espace, alternant les quarts de nuit et l’entretien du phare le jour, passant dix jours à terre de temps en temps…

Je repars et ne marche pas cinq minutes avant de tomber sur ce qui m’a tout l’air d’être une pyramide inca de 6m de haut prête à se transformer en fusée pour rejoindre les extraterrestres (cf. Indiana Jones et le crâne de cristal). En jetant un œil sur mon petit guide, j’apprends qu’il s’agit en fait de la pyramide du Runiou et que c’est un « amer », c’est-à-dire « un point de repère fixe et identifiable sans ambiguïté utilisé pour la navigation maritime ». OK, c’est noté. J’étoffe mon vocabulaire de minute en minute. La balade s’est terminé lorsque je suis arrivé au bout du sentier côtier (plus loin, c’était le vide) et que j’ai donc dû reprendre le chemin de Lampaul. Depuis que je suis arrivée ici, c’est toujours un déchirement de tourner le dos à l’océan, même si je sais que ce n’est pas pour longtemps. J’aime tellement regarder les nuances de bleu, écouter les goélands, sentir l’odeur de l’iode… Ainsi, c’est fatiguée mais super heureuse que j’ai terminé la balade.

En revanche, malgré le beau soleil, je n’ai pas posé le k-way (j’envisage de faire sponsoriser mon séjour ici par décathlon vu que je n’ai pas quitté mes chaussures de marche depuis mon arrivée : les autres glissent sur les cailloux en bord de falaise et aussi dans les montées sur la lande) car le vent ne plaisante pas ici ! Ça ne m’a pas empêché de prendre un coup de soleil sur le nez, le premier de la saison. Le 2 avril donc. Record battu je pense.

Et c’est sur cette note ensoleillée que je vous dis à suivre… mais pas sans une dernière photo!

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Quand je prends soin de me fondre dans mon environnement

Lire les autres chapitres

Chapitre 1 : L’arrivée

Chapitre 2 : L’exploration

Chapitre 4 : L’exploration (fin)

Chapitre 5 : Ce que j’ai appris

Chapitre 6 : Marie B. travaille

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9 Comments
  • chinouk
    septembre 27, 2016

    ah les phares…. Comment ne pas ce prendre de passion pour ces sentinelles de la mer ? moi aussi j’en suis une grande amoureuse….

  • Le Guen
    juillet 12, 2020

    Bonjour Marie.
    La dernière photo ou tu montres Le phare de la jument à gauche et Nividic à droite, est en fait le phare de Nividic à gauche et à droite un des 2 piliers qui à l’origine de la construction de ces 3 ouvrages permettaient aux gardiens de ce phare d’y accéder en transitant au dessus des flots via les 2 piliers et de la nacelle actionnée par un treuil. Vaste programme qui n’aura duré qu’un temps, trop dangereux.

    Alain

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