C’est quoi ton travail Marie B ?

Marie B. se sent très concernée par son nouveau travail. Par contre, le weekend, elle perfectionne sa technique de selfie
Je voulais consacrer ce 6e chapitre à mon deuxième weekend d’exploration ouessantine, mais je me suis avisée qu’avant, ce serait pas mal que je vous parle un peu de la raison première de ma présence ici (non, la réponse n’est pas « pour les phoques ») : le boulot. Concrètement, j’ai été embauchée pour faire quoi ?

Il n’y a jamais trop de photos de phoques
Ce qu’il y a sur mon contrat de travail c’est : « inventaire des collections de l’écomusée du Niou ». Normalement, si tout va bien, une mission comme celle-là est bête comme chou. Tu arrives dans la réserve, et tu passes étagère par étagère attribuer des numéros d’inventaire à chaque objet que tu trouves afin de le faire légalement exister en tant que propriété du musée. Mais comme il y a autant de réserves que de musées, il n’y a PAS de normalement.
Donc ma mission « inventaire » s’est transformé en « réorganisation de fond de la réserve. Nettoyage des lieux et des objets. Reconditionnement. Marquage/étiquetage/regroupement des collections. ». En gros, je suis la Super-Nanny des réserves de musée.
Ça à l’air chiant, c’est hyper drôle et intéressant.
Les collections se composent d’objets typiques des musées d’Arts et Traditions Populaires (ou ATP) : du textile (linge de maison, vêtements, chaussures…), du mobilier (horloge à balancier, lits clos…) et une catégorie un peu fourre-tout : les Arts Décoratifs (vaisselle, bibelots divers, bateaux en bouteille…). Mais le musée a aussi des collections immatérielles composées de témoignages de vieux ouessantins enregistrés et de savoirs faire perpétués : tonte de moutons aux ciseaux, fabrication du « brise-bise ouessantin » au crochet…
Ce qui est cool là-dedans, c’est qu’en ouvrant un carton, je ne sais jamais ce que je vais y découvrir : un bol ? une paire de chaussure ? Un doigt humain ? C’est un peu Noël à chaque fois, le repas pantagruélique en moins.
Et c’est aussi un peu la moitié du fun quand on change de musée souvent comme moi. Découvrir et fouiner dans de nouvelles réserves avec des collections improbables dont, des fois, on a pas idée.

Le genre de MMS que j’envoie à mes copains la journée : « euh… c’est quoi ça? »
Avant (genre quand j’étais petite, ou même au début de mes études), les réserves de musée me faisaient rêver car j’imaginais des sortes de cavernes d’Ali Baba toutes brillantes et lambrissées, limite éclairées à la lampe à pétrole, très XIXe siècle. Mais la dure réalité professionnelle m’a rattrapée : ce sont souvent de petites pièces moches, sans fenêtre, dans lesquelles il règne soit un froid polaire soit une chaleur suffocante. Pour couronner le tout, elles sont systématiquement hyper poussiéreuses, en ciment du sol au plafond et abritent des étagères aux couleurs criardes et moches, genre bleu et jaune primaires. Dans les pires cas, elles sont aussi pleines de déjections animales non identifiées (genre souris, mulot ou encore, PIGEON…).
Maintenant, ce qui me fait rêver, c’est ce que je vais y trouver. J’ai toujours un moment d’excitation avant de découvrir les collections dont je vais être en charge. Et à chaque fois ça ne loupe pas, je trouve des objets bizarres, drôles, anciens, ayant appartenu à des personnes célèbres… Ici à Ouessant, j’ai trouvé une casquette de gardien de phare, vu une combinaison de scaphandrier (que je ne pourrais pas essayer et j’en suis vraiment contrite) et des Jésus sous cloche à la mode indienne (La Vierge avec du Khôl, ça ne s’invente pas (non, désolée, je ne vais pas reparler du saint vous-savez-quoi))!

Vous pourrez jamais savoir ce qui s’est passé entre cette casquette et moi…
Ce qui est un peu la Cherry on the cake (ou, pour les non anglophones, la cereza sobre el pastel) (ou, pour rester dans l’esprit des lieux, « ar kerez war ar gwastell ») (Oui, cette phrase veut littéralement dire « la cerise sur le gâteau » en breton) ( et merci les dicos breton français en ligne) c’est que pour la première fois je suis dans une structure qui a un BUDGET dédié à ma mission ! Ce qui veut dire que j’ai pu acheter du matériel adapté ! Que je n’aurais pas à faire de pis-aller en sachant que mon boulot est mal fait mais que je n’ai pas le choix. En plus, le logiciel qu’ils ont choisi est juste génial et me simplifie grandement la tâche. Enfin, ils ont fait installer Internet dans les réserves juste pour moi car le logiciel est en ligne.
Et mon bureau a vue sur l’océan (je sais que je l’ai déjà dit, mais ça vaut le coup d’être répété).

Vue de ma fenêtre
Donc, pour conclure sur le sujet et repartir explorer les lointaines terres de l’ouest, je vais dire que les 4 mois ici vont terriblement vite passer. Entre le boulot, les randos et les visites de ceux qui viendront me voir, je suis sûre de ne pas voir le temps passer !
Mais donc, qu’est-ce que j’ai fait de ce deuxième weekend insulaire ?
Je me suis ennuyée? (un indice : je ne m’ennuie jamais)
Mais vous saurez tout dans le prochain article!
Lire les autres chapitres
Chapitre 3 : L’exploration (suite)
Chapitre 4 : L’exploration (fin)
Chapitre 5 : Ce que j’ai appris

Petite photo la mèche à l’horizontale pour vous spoiler l’histoire à suivre 😉
Jill est une fille
août 6, 2016Tu fais baver la future diplômée d’histoire de l’art que je suis avec tes histoires de réserves de musées !
Mademoiselle Bambelle
août 7, 2016Hahaha! Tu peux! Si tu as l’occasion, fais des stages, autant que tu peux, c’est trop cool !